Débuter en astrophotographie : 
conseils, matériels et techniques.

Astrophotographie : de quoi s’agit-il ?

L’astrophotographie, aussi appelée photographie astronomique, est l’ensemble de techniques et de matériel qui permettent de bien photographier l’espace et les astres, ou de capturer les grands moments de l’espace comme le passage de météores ou de comètes. Pour réussir une photo d’astronomie, il faut tout d’abord comprendre le mouvement de la Terre et des éléments de notre galaxie pour ensuite apprendre à capturer, avec le matériel à votre disposition, l’événement céleste qui vous intéresse.

Les différents types d’astrophotographie.

On trouve plusieurs types d’images en astrophotographie qui requièrent généralement des techniques et réglages différents. Faisons le point. 

Photographier le ciel étoilé en time lapse.

Cette technique consiste à tirer parti de la rotation de la Terre pour capturer les traînées de lumières du ciel étoilé. Comme l’explique Jeff Carlson, votre appareil photo est parfaitement immobile sur son trépied, mais la planète continue de tourner et de déplacer tout le reste. Découvrez comment photographier un ciel étoilé en timelapse à l’aide de ces conseils : 

• Veillez à ce qu’aucune pollution lumineuse ne vienne gâcher votre mise en image. Le ciel doit aussi être complètement dégagé, et une nuit sans lune est plus favorable à ce type de photo.
  
  
• Utilisez un appareil photo pour astrophotographie, de préférence avec un capteur APS, équipé d’un objectif capable d’une ouverture d’au moins f/2. L’idéal est un objectif d’astrophoto grand-angle de 12 mm ou plus.
  
  
• Un trépied est essentiel, car c’est le mouvement de la Terre qui se charge de former les traînées de lumière. Adaptez le temps d’exposition afin de laisser passer suffisamment de lumière sans pour autant obtenir une photo trop floue. 
  
  
• Le réglage ISO s’adapte aux autres paramètres, mais le réglage minimal est préférable pour éviter le bruit.
  
  
• Si vous avez tendance à bouger au moment du déclenchement de la photo, utilisez le retardateur de votre appareil ou un déclencheur. 

Photographier la Voie lactée.

Photographier le ciel et en particulier la Voie lactée est souvent considéré comme le summum de la photographie. C’est parfaitement faisable, à condition de travailler dans un espace sans pollution lumineuse et d’avoir accès à l’équipement et au matériel approprié. Voici quelques astuces et réglages pour bien démarrer : 

• Prenez une photo de longue exposition, avec un temps de pose entre 20 et 30 secondes. 
  
  
• Choisissez une focale de 18mm.
  
  
• Préférez une ouverture de f/3.5.
  
  
• Réglez la sensibilité ISO à 1600 ISO. 

Reconstitution de constellations.

Pour reconstituer une ou plusieurs constellations sur un seul et même cliché, il faut à la fois maîtriser la prise de vue et l’édition photo puisqu’il s’agit, le plus souvent, d’une superposition d’images. En pratique, on capture chaque événement à son point le plus lumineux afin de réunir en une même image les constellations dans toute leur gloire.

Pour pratiquer ce type d’astrophotographie, les photographes préfèrent généralement un objectif astrophoto à focale relativement courte (inférieure à 50 mm), comme le Tamron 17-50 mm ou le Tokina 11-16 mm ou grand angle. Choisissez une ouverture autour de f/2,8, et envisagez d’ajouter un filtre diffuseur de type cokin 1. Comme pour toutes vos photos d’astronomie, un trépied est indispensable.

Photographier le ciel profond.

Pour photographier le ciel profond à travers un télescope ou une lunette, il faut impérativement prévoir un équipement spécialisé et notamment : 

• Un trépied à monture équatoriale (éventuellement motorisé).
  
  
• Un appareil reflex à focale courte (éventuellement dé-filtré ou spécialisé en astrophoto).
  
  
• Une bague pour connecter l’appareil au télescope comme la bague T2.
  
  
• Un système d’autoguidage comme le Lacerta MGEN II (ou un PC portable si vous n’avez. rien de mieux) afin de ne pas perdre de vue l’objet de votre convoitise dans le ciel.
  
  
• Un correcteur optique de type coma Baader MPCC. 

La lune et les phases lunaires.

Idéale pour débuter en astrophotographie, la lune est facile à photographier sans équipement spécialisé ni nécessité de trouver une zone avec une faible pollution lumineuse. Nous recommandons une ouverture autour de f/8, un temps de pose à peu près équivalent à la sensibilité ISO et un temps de pose équivalent à la longueur focale de votre objectif. Par exemple, 1/250 et ISO 200 pour une longueur focale de 200mm, avec un temps de pose de 1/200e de seconde. 

Si vous souhaitez photographier les différentes phases lunaires, prenez plusieurs photos et utilisez ensuite Photoshop pour les superposer. Cependant, veillez à installer votre trépied au même endroit à chaque étape, et à reproduire les mêmes réglages afin de pouvoir superposer les clichés le plus facilement possible.

Occultation ou éclipse solaire.

On parle d’occultation solaire (ou éclipse) quand un objet tel qu’une planète s’interpose entre le Soleil et la Terre. Si vous souhaitez photographier une éclipse solaire, n’oubliez pas de protéger vos yeux et votre appareil photo. Utilisez un trépied pour stabiliser votre appareil photo et un filtre ND pour le protéger. 

Le matériel pour bien débuter en astrophotographie.

L’équipement recommandé en astrophotographie varie selon votre budget et les produits auxquels vous avez accès. Les appareils photo d’un smartphone ont beau avoir fait d’importants progrès, mais seul un appareil reflex avec objectifs interchangeables offre tous les avantages requis pour l’astrophotographie. Pensez aussi à tenir compte de la capacité ISO avant d’investir dans un appareil photo numérique. 

Quel appareil photo pour l’astrophotographie ?

Un appareil photo n’est pas toujours conçu pour prendre des photos de nuit, d’où l’importance de bien choisir son appareil photo avant de pratiquer l’astrophotographie. 

« Pour l’astrophotographie ou tout autre type de photographie de nuit, il vous faut un appareil à large capteur et capable de prendre des photos à 6 400 ISO ou plus. »

Derek Boyd, photographe.
 

Il faut aussi veiller à ce qu’il offre la mise au point manuelle et qu’il permette de régler le temps de pose afin d’obtenir de longues expositions (plus de 30 secondes, même si vous ne vous en servirez peut-être pas tout de suite). Ces spécificités mises à part, n’importe quel reflex de milieu de gamme peut donner de très bons résultats. 

Selon votre budget, le Canon EOS350D ou EOS350D sont de bons candidats, ainsi que l’EOS 50 ou 60D (éventuellement d’occasion). Pour ceux qui ont les moyens, les gros capteurs du Canon EOS 6d, du Nikon D750 ou du Sony A7 offrent des photosites de bonne taille. 

Quels objectifs pour l’astrophotographie ?

La sélection des objectifs pour l’astrophoto est extrêmement importante. Pour débuter en astrophotographie, vous pouvez choisir d’investir dans un objectif grand angle qui vous aidera à capturer facilement un maximum de lumière. Dans l’alternative, vérifiez que votre objectif est capable d’une large ouverture d’obturateur.

On estime qu’il faut un minimum de 30 minutes d’exposition avec une ouverture de f/2,8, alors qu’on devra attendre 4h pour le même résultat avec une ouverture de f/8, avec un important risque de flou ou de changement de conditions météo. En pratique, il faut prévoir une ouverture minimale de f/4.

Les trépieds en astrophotographie.

Quel que soit le type d’astrophotographie que vous avez choisi de photographier, un trépied est indispensable. Un trépied à monture équatoriale, éventuellement motorisée, est un must pour pouvoir augmenter la durée d’exposition de vos prises de vue. Ce dispositif compense automatiquement la rotation terrestre afin d’éviter les images floues et de ne pas perdre de vue l’astre ou la constellation qui vous intéresse. Notez qu’il faudra faire la mise en station de la monture équatoriale afin d’assurer qu’elle est alignée sur l’axe de rotation de la Terre.

Les filtres pour l’astrophotographie.

Parmi les filtres qui peuvent contribuer à améliorer vos astrophotos, envisagez d’investir dans un filtre de pollution lumineuse (à bande étroite si vous êtes proche d’une agglomération, ou à bande large pour les zones rurales ou en montagne). Il est aussi possible de jouer avec les filtres de couleur afin de sélectionner le spectre que l’on souhaite laisser passer et de créer ainsi de fascinantes images de nébuleuses, par exemple.

Les déclencheurs (facultatif). 

Le déclencheur traditionnel de votre appareil est tout à fait adéquat pour vos premières astrophotos. Toutefois, l’accès à des accessoires permettant d’éviter de bouger l’appareil photo après avoir fait tous vos réglages, comme un retardateur ou un déclencheur à câble, réduira considérablement les risques de flou. 

Les meilleurs réglages pour l’astrophoto.

Vous trouverez bientôt vos propres méthodes pour tirer parti des capacités de votre appareil photo et capturer la lumière. En attendant, voici quelques conseils en termes de réglages pour l’astrophotographie.

L’ouverture.

Il est probable que vous soyez contraint de régler l’ouverture de votre appareil (exprimée en f/) vers une ouverture plus large (chiffre f plus petit). En effet, même si un chiffre f plus élevé permet d’augmenter la profondeur de champ, la petite ouverture est bien souvent insuffisante pour obtenir une bonne exposition. Si vous êtes équipé d’un système de compensation de la rotation terrestre (un trépied à monture équatoriale), un réglage sur f/4 devrait suffire à éviter les traînées lumineuses involontaires.

Vitesse d’obturation. 

Exprimée en fractions de seconde, la vitesse d’obturation détermine la durée d’ouverture du capteur de votre appareil photo, pendant laquelle la lumière est en contact avec la pellicule ou le capteur numérique. Une vitesse d’obturation réglée à 1/1 000 est donc relativement rapide tandis que 1 seconde constitue une obturation lente. Pour photographier le ciel de nuit, un trépied est indispensable pour éviter les flous inévitablement causés par cette vitesse d’obturation réglée au minimum. Essayez de régler la vitesse d’obturation à 5, 8 ou même 10 secondes et comparez les résultats. 

La sensibilité ISO. 

Le paramètre ISO exprime la sensibilité du capteur de l’appareil à la lumière. En astrophotographie, il est conseillé d’utiliser une sensibilité ISO la plus basse possible (entre 400 et 1600) tout en augmentant l’exposition par d’autres moyens (comme le temps de pose ou l’ouverture du capteur) afin d’obtenir des résultats clairs et nets sans augmenter le bruit.

La balance des blancs. 

Lorsque vous prenez une photo, la lumière et l’éclairage sont plus ou moins chauds. Pour tenir compte de ce paramètre, les appareils photo modernes proposent des paramètres préréglés qui fonctionnent bien en mode automatique, à condition d’utiliser le format RAW que vous pourrez éditer plus tard (impossible au format JPEG). Vos images comporteront peut-être des tons rougeâtres ou bruns inattendus selon les conditions de la prise de vue. Vous pourrez alors ajuster la balance des blancs vers une lumière bleue froide, plus adaptée lorsque l’on veut photographier le ciel.

La règle des 500. 

La règle des 500 est une technique en astrophotographie basée sur une formule mathématique permettant de calculer la plus longue exposition acceptable, en secondes, avant l’apparition de traînées derrière vos étoiles. Divisez 500 par la longueur de votre objectif pour obtenir une durée approximative d’exposition.

Les astuces pour débuter en astrophotographie.

Pour prendre les plus belles photos, il vous faut un ciel sombre, loin de toute pollution lumineuse qui risquerait d’altérer la qualité de vos images. Si vous connaissez un parcours de randonnée, choisissez une nuit claire et emportez votre trépied. Voici certains facteurs à prendre en compte dans la préparation de vos astrophotos.

Faites la mise au point.

S’il est possible de réparer ou compenser la plupart des défauts a posteriori, vous ne pourrez rien faire contre une mauvaise mise au point. Entraînez-vous en pointant votre appareil vers les étoiles les plus brillantes et visibles, puis comparez-les avec ce que vous voyez sur l’écran de votre reflex. Essayez plusieurs modes d’exposition et les différents modes ISO pour laisser passer plus ou moins de lumière vers le capteur. Il vous faudra un certain temps avant de réussir vos plus belles photos, mais ces séances d’essai vous permettront d’autre part de pratiquer le cadrage.

Étalonnez et calibrez vos astrophotos. 

L’étalonnage et la calibration peuvent vous aider à contrôler le bruit de vos images. Un fichier light (pour photographier le ciel) contiendra à la fois le signal et le bruit. Ces fichiers de calibration jouent un rôle important lors de l’empilage des images, puisqu’ils permettent de réduire ou accentuer le bruit. Pour créer des fichiers Dark, Flat et Offset (DOF), profitez d’un télescope encore chaud et donc susceptible de générer le même bruit que celui que vous cherchez à corriger, mais laissez le couvercle sur la lunette afin de filtrer le signal.

Sécurisez le trépied.

Vérifiez toujours que la position de votre trépied est parfaitement verrouillée pour offrir une base solide à vos prises de vue. Il suffit d’une simple secousse pour gâcher une prise de vue en astrophoto.

Utilisez votre histogramme.

L’histogramme de votre appareil photo est parfois difficile à comprendre. Ses informations sont pourtant essentielles pour gérer les éventuels problèmes de contraste, éviter les lumières cramées ou bouchées pour mieux photographier le ciel. Apprendre à lire un histogramme est un bon début.

Entraînez-vous.

Même en disposant des meilleurs tutos en astrophotographie, il va falloir un peu de temps avant de réaliser des photos dignes de la NASA. Mettez vos techniques en pratique et apprenez à trouver votre propre style.

Le traitement de vos astrophotographies.

Le post-traitement en astrophotographie est d’autant plus important que la prise de vue même car il permet de corriger vos images afin de révéler tout leur potentiel. Adobe Photoshop et Adobe Lightroom vous offrent tous les outils pour des images claires et nettes. Voici quelques-unes des fonctionnalités des logiciels d’astrophotographie les plus utilisés : 

Quel format choisir pour le traitement d’astrophotos ?

Les photographes spécialisés en astrophotographie ont tendance à prendre leurs photos au format RAW car il permet de faire des retouches plus élaborées sur Photoshop et Lightroom. Une fois que vous avez édité vos astrophotos, exportez-les au format .TIFF avant de l’ouvrir sur Photoshop pour utiliser des techniques comme l’empilage. Le format JPEG n’est à utiliser qu’en fin de traitement, car il limite les modifications et réduit la résolution du fichier.

Empiler les images.

En astrophotographie, il est fréquent de prendre de nombreuses images (de 5 à 20) que l’on pourra empiler pendant le post-traitement afin de réduire le bruit souvent créé par un temps de pose plus long. Il est conseillé de commencer par un prétraitement des images sur Lightroom pour corriger les problèmes d’exposition, modifier l’histogramme et éventuellement recadrer vos astrophotos. Utilisez ensuite la fonction de fusion des photos sous Adobe Photoshop afin de réunir toutes les images en une seule et de conserver les éléments les plus réussis et les astres les plus lumineux sur chaque cliché.

La règle des 30-30-30.

L’espace profond que vous cherchez à photographier n’est pas d’un noir uniforme. Malgré tous vos efforts, de nombreux facteurs imprévisibles, comme la pollution lumineuse, ont tendance à influencer la couleur. Pour neutraliser ces parasites, réglez vos paramètres RGB sur un gris foncé, soit un 30-30-30. 

L’ajustement du contraste. 

Augmentez le contraste d’une image pour rendre les noirs plus noirs, et les blancs plus blanc. L’équilibre est délicat, mais c’est ce qui démarque certaines astrophotos du lot. Sous Photoshop, il est possible de développer le contraste à l’aide de la fonction Luminosité et Contraste, naturellement, mais aussi en ouvrant la fenêtre Image > Réglages > Niveaux afin d’accéder et de modifier l’histogramme. Pour une image plus contrastée, veillez à mieux répartir les tons de gauche à droite. Enfin, la fenêtre Image > Réglages > Courbes permet d’agir de manière similaire mais plus nuancée sur le contraste. 

La saturation des couleurs.

On l’exprime par un score entre 0 et 100 où 0 représente l’absence de blanc et 100 l’absence de couleur. En augmentant la saturation, vous pouvez donner une touche personnelle aux éléments individuels de votre astrophoto. Attention à ne pas avoir la main trop lourde, augmenter la saturation peut générer du bruit sur vos photos d’astronomie.

Le réglage des courbes. 

Il est possible d’ajuster les courbes pour corriger la tonalité et les couleurs de votre astrophoto. Cette fonctionnalité agit sur l’intensité des zones d’ombres, de demi-tons et de lumière. Pour gagner du temps sur l’édition de plusieurs images similaires, vous pouvez sauvegarder le paramétrage des courbes afin de l’appliquer à plusieurs clichés.

Les partenaires d’Adobe experts en astrophotographie.

Ce guide d’astrophotographie a reçu les conseils de plusieurs experts.

• Jeff Carlson, photographe et auteur. Jeff a publié plusieurs ouvrages sur le sujet ainsi que de nombreux articles sur TidBITS. Découvrir les travaux de Jeff.
  
  
• Derek Boyd, spécialiste en photographie immobilière. Les travaux de Derek offrent plusieurs styles différents (portraits, astrophotographie).
  
  
• Anthony Pidgeon vit à Portland, Oregon. Il photographie les concerts depuis les années 1990. Découvrir les travaux d’Anthony.